L’amour de soi ce n’est pas
de l’égoïsme,
cette maladie du mental émotif.
S’aimer veut dire ne pas se juger,
ne pas s’en vouloir,
laisser être ce qui est,
s’accepter assez pour ne plus avoir à chercher
admiration, confirmation, approbation.
Cela veut dire que j’aime ce que j’ai été dans mon enfance, dans mon adolescence, cet être peureux qui ne savait pas que faire pour être aimé.
C’est parce qu’on ne s’aime pas que l’on est égoïste. Quand on n’a pas obtenu d’être aimé comme il faut, on cherche à ramener les êtres vers soi, à les soumettre, à s’en servir comme appuis et béquilles. On est égoïste dans la mesure où l’on n’a pas été satisfait, où l’on n’est pas assez aimé.
Mais comme personne ne peut nous aimer autant qu’on le voudrait, on est toujours insatisfait. Il n’y a que moi qui puisse m’aimer assez pour ne pas me reprocher ces défauts détestables (« quel con je suis, comme j’ai été naïf, ce que je suis bête, je voudrais disparaître »).
Je voudrais être comme j’avais rêvé à quinze ans : invincible, inachetable, séduisant, le plus beau et le plus talentueux. Mais cela n’a pas été et, si j’en rêve toujours, c’est que je ne m’accepte pas, je ne m’aime pas.
Personne ne peut le faire sauf moi.
L’amour commence par soi-même. On le dit, du reste « charité bien ordonnée commence par soi-même. » Ou « aimez les autres comme vous-même ».
Le modèle, la source, le point de départ,
c’est l’amour de soi,
le respect absolu de ce qui nous constitue,
l’admission de tout ce qui fait notre vie.
Le « oui » complet.
Se permettre d’être comme on est.
Se donner la permission d’être unique et différent.
Pas de culpabilité, pas de souffrance, pas d’auto-pitié.
Tout cela, c’est se haïr. C’est ça l’égoïsme, c’est s’être retourné sur soi.
S’aimer c’est s’être si bien accepté
qu’on n’a plus à s’en occuper.
Spontanément,
on se retourne vers les autres.
Placide Gaboury, Pensées pour les jours ordinaires
Peinture : Pierre Marcel, Cœur de lion